mercredi 7 avril 2010

Amère victoire?


J'ai présenté cette photo à un concours photo sur le thème "L'exclusion, une face cachée de l'Europe", organisé par des étudiants de l'IUT Techniques de Commercialisation d'Angers, en partenariat avec la Maison de l'Europe d'Angers. L'exposition a eu lieu ce week-end Pascal. J'ai eu la surprise d'être placé en deuxième place! J'espère que, rapidement, les photos seront visibles sur le blog créé pour ce concours. Normalement, c'est prévu.

J'ai pris cette image lors de mon rapide séjour à Paris en septembre dernier. J'allais entrer dans la bouche de métro Nation quand mon regard a été attiré par ce SDF qui "dormait" en plein soleil. Puis tout de suite, j'ai remarqué cette petite mosaïque... Hasard tristement ironique... J'ai a tout prix voulu prendre cette photo, au plus vite, en me cachant!

Je ne sors pas très fier de cette première expérience de concours: cette homme ne sait pas que je l'ai pris en photo, je ne lui ai pas demandé le droit de diffuser son image, je le montre dans un triste contexte... Comment agissent les "pro" dans ces cas-là?

1 commentaire:

Unknown a dit…

Cher Janusz,

tout d’abord, très sincères félicitations pour cette reconnaissance qui est bien méritée. Je suis allé faire un tour sur le blog du concours où les photographies des participants sont effectivement visibles.
J’approuve à 100% la décision du jury pour les nominations même si j’avoue que la « différence » entre la photo élue 1ère et la tienne est assez ténue. Une technique photo impeccable, un texte accrocheur et intéressant (ce qui d’ailleurs manquait à beaucoup de tes concurrents quand bien même parfois les clichés étaient intéressants.), et une thématique étonnament (ou pas) similaire, avec la double profondeur apportée par les graffiti.

L ‘exclusion... un sujet bien difficile.
Combien je comprends les questionnements, voire la culpabilité induite par ta photographie.
Photographie de SDF, de misère, d’injustice, d’isolement... où s’arrête la frontière entre le voyeurisme et le témoignage ou la dénonciation ? ... une frontière bien fine...
Le cliché qui pourrait (devrait) recréer le lien, briser l’exclusion, semble, au contraire l’exacerber.
Dans cette situation, que sait-on des personnes captées le temps d’une seconde par notre appareil ?
Conscients de cette injustice, de ce manque, le photographe se trouve dans l’inconfortable position du voleur, peur d’être pris en flagrant délit. Puis le cliché obtenu, c’est la culpabilité qui s’imisce entre le photographe et son travail. Culpabilité vis-à-vis du droit à l’image, vis-à-vis du fait que l’individu « acteur » du cliché n’en retirera rien et n’en connaîtra même jamais l’existence.
A ce sujet, la position de bon nombre de populations indigènes refusant de se faire prendre en photo de peur de se faire voler leur âme, me paraît questionnante si ce n’est intéressante.

Quel immense et dangereux pouvoir de la photographie capable de rendre immortel, un instant, une personne, un lieu mais aussi capable de la stigmatisation de la pire espèce ; je repense aux « œuvres » photographiques des ethnologues du XIXème.

Quoi qu’il en soit, je crois que cette culpabilité est par dessus tout une preuve d’humanité. Le jour où elle s’évanouit, il est trop tard...

Comme toi, je serai très intéressé d’entendre la voix des « pros » à ce sujet.

Clément.